Le Fonds national juif commence à payer pour la dépossession
En 2011, le FNJ-UK a perdu plus de 50 % de ses ressources en dons, investissements et héritages - de 5,1 millions de livres sterling en 2010 il est passé à un peu plus de 2,4 millions en 2011. Au sein de cette baisse, les dons directs au FNJ-UK ont chuté d’un 1 million de livres.
Simon Rocker, qui écrit pour le Jewish Telegraph, l’un des journaux les plus importants et les plus largement distribués dans la communauté juive en Grande-Bretagne, a publié un article le 12 octobre à propos de la baisse spectaculaire des dons au FNJ-UK (Fonds national juif - Grande-Bretagne). En 2011, le FNJ-UK a perdu plus de 50 % de ses ressources en dons, investissements et héritages - de 5,1 millions de livres sterling en 2010 il est passé à un peu plus de 2,4 millions en 2011. Au sein de cette baisse, les dons directs au FNJ-UK ont chuté d’un 1 million de livres.
C’est un immense succès pour la campagne mondiale contre le FNJ - une organisation qui finance la colonisation et la dépossession, en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, spécialisée dans le « blanchiment écologique » du processus de dépossession. Le parti des Verts britanniques (Green Party) a exprimé son soutien à la campagne contre le FNJ et en février de l’an dernier, son assemblée générale a publié une déclaration appelant au retrait du statut d’organisation caritative au FNJ, et à la suppression de tous les avantages significatifs qui découlaient de ce statut. En mai 2011, le Premier ministre britannique David Cameron, lui, a fini son mandat comme Président honoraire du FNJ-UK.
Jusqu’à la lutte à Al-Araqib (1), l’unique autre fois où les bulldozers du FNJ ont été stoppés était dans les années trente. Pour la première fois de son histoire, le FNJ commence aujourd’hui à faire les frais du processus de dépossession et de colonisation. A huis clos, en juillet 2011, de hauts responsables du FNJ avaient reconnu craindre que la FNJ ne paie un jour un prix élevé pour son implication à Al-Araqib. Ce qu’ils entendaient par « implication » c’était leur soutien à la dépossession des habitants du village, leur violent projet de reboisement de la terre d’Al-Araqib, et leur éradication totale du village à coups de bulldozers. Pour eux, cela fut « un échec très grave de relations publiques par le FNJ », et aussi : « Nos représentants à l’étranger n’ont pas su comment répondre à ces accusations et ont perdu la bataille pour notre réputation, en Australie, aux États-Unis et ailleurs. »
La baisse des dons n’est pas que le résultat des manifestations contre le FNJ en Israël/Palestine et dans le monde devant le rôle de l’organisation dans le processus de dépossession et de colonisation : le FNJ-UK a été aussi impliqué dans différents scandales et conflits internes en lien avec le FNJ-Israël. C’est ce qui arrive quand vous avez beaucoup d’argent - vraiment beaucoup d’argent -, vous gérez derrière à huis clos. Mais le FNJ est encore un excellent exemple de « grande société post-moderne » qui fonctionne sur la confiance et la crédibilité. Ses campagnes pour les dons sont basées sur la confiance. Et plus la vérité se fait jour sur ce qu’est le FNJ, plus l’organisation est mise à mal dans le processus.
Le FNJ tient bon : le FNJ-UK a d’autres sources de recettes, beaucoup plus stables. Sa source la plus importante vient de dons d’autres organisations caritatives, lesquels totalisent 7,5 millions de livres (environ 9,2 millions d’€). C’est pour cette raison qu’il est si important de suivre l’argent quand il s’agit d’autres organisations caritatives, pour leur rappeler que l’argent qu’elles donnent au FNJ est investi dans une machine à déposséder et à discriminer en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés.
Le FNJ-Israël a lui aussi d’énormes sources de financement. En fait, il est si bien financé qu’il n’a aucun besoin de dons. Il perçoit des revenus des terres volées qu’il a reçues de l’État - les terres des réfugiés palestiniens - et ces revenus sont plus que suffisants pour couvrir ses coûts d’exploitation. L’excédent budgétaire annuel du FNJ tourne autour du milliard de NIS (nouveau shekel israélien, soit environ 200 millions d’€). La valeur des terres dont il a obtenu la propriété est estimée en 2011 à 6,2 milliards de shekels ; et le FNJ fait encore plus d’argent avec la location de ces terres. En 2009, ses revenus fonciers sont montés à 1133 millions de shekels, à comparer aux 972 millions de 2008 et aux mille millions de 2011 (NRG-Online - 3 août 2011).
Les bulldozers israéliens ne chôment pas pour déposséder et chasser les Bédouins de leurs terres ancestrales.
Et que fait le FNJ à l’heure actuelle ?
Il n’a jamais arrêté le boisement des terres d’Al-Araqib et de celles qui appartiennent aux familles Abu Freih et Al Uqbi. Il continue de déverser d’énormes quantités d’eau sur les terres arides du nord du désert du Néguev/Naqab afin de faire vivre les arbres conquérants qu’il y a plantés, pour créer « une réalité sur le terrain » et veiller à ce qu’elle devienne irréversible. Il met en place l’infrastructure pour le prochain gros projet de dépossession, celui d’Umm Hiran (2) : autre village bédouin destiné à la démolition pour être remplacé par une colonie juive. Il a fait la promotion de la création de la « Forêt d’Hiran » afin de pouvoir installer une colonie, et il fournit actuellement les colons venant du « Mouvement Or », infrastructure logistique indispensable à la préparation de la colonisation d’Umm Hiran. Les bulldozers ne chôment pas.
Le président du Comité de village d’Al-Araqib, le Dr Awad Abu Freih, a réagi aux dernières nouvelles : « C’est un grand succès pour notre lutte, de concert avec nos partenaires de conscience, juifs et Arabes, localement et à l’étranger. Nous espérons que le FNJ parte pour de bon des terres d’Al-Araqib, et cesse ses tentatives visant à déposséder les Bédouins de leurs terres. Le vrai visage du FNJ commence à apparaitre- nous sommes dans la bonne direction. Mais il reste encore beaucoup à faire. »
Petit rappel : les bulldozers du FNJ sont tout le temps en action, ils ne sont pas saisonniers. Mais la saison des élections est arrivée. La direction du FNJ est élue par l’assemblée générale du FNJ. La composition de cette assemblée générale est la même que celle du Conseil général sioniste avec ses 192 membres. Tous les partis sionistes, dont le Shas et le Meretz, sont membres de ce Conseil et du FNJ - c’est-à-dire qu’ils sont des partenaires pour la dépossession, et ils prennent leur part dans les exploits.
(1) - Lutte d’un village bédouin du Néguev détruit plusieurs dizaines de fois par Israël, et reconstruit. Voir notamment :
Lutte pour les terres du désert - Janie Gosselin - CyberPresse
Palestine occupée : la terre reconnaît al-Araqib et connaît son peuple... - Ameer Makhoul, prisonnier
L’état d’Israël fait la guerre à ses propres citoyens - Gadi Algazi - Tarabut
(2) - Sur ce village bédouin, voir notamment :
Bédouins : Des indigènes devenus squatteurs sur leurs terres - Jillian Kestler-D’Amours
Les destructions de maisons se poursuivent dans le Néguev - Fatma Nasser – Mashom
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=12779
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